Maisons paysannes en Berry

Par sa nature même évolutive car vivante, reflet des besoins et des habitudes culturales, l’architecture rurale est le pan le plus menacé de notre patrimoine bâti. C’est aussi l’un des plus attachants.
   Cette évolution a toujours été, l’architecture du monde rural étant sans cesse une juxtaposition d’éléments disparates, de dates variées liés cependant par la cohérence des matériaux très souvent extraits du terroir proche ou le savoir-faire des artisans sollicités.
   Plus grave, la désertification des campagnes, les regroupements de terres, la nécessité de plus grandes surfaces ouvertes induisent irrémédiablement une disparition des éléments ou, un détournement du bâti rural traditionnel. C’est cependant un ensemble de caractéristiques, d’attachements physiques au terroir alentours qui a fait le cadre de vie et le charme des campagnes berrichonnes depuis le XVIe siècle. Ainsi une large place est faite aux bâtiments communautaires, halles, fontaines, lavoirs. L’ambition, la philosophie si l’on veut de cet ouvrage fut une volonté de sélection, sélection par type de bâti lié à la structure de l’exploitation ou plus généralement à la structure de la société rurale ci sélection selon les terroirs très divers du Berry. Mon propos n’est donc pas d’être passéiste en refusant l’évolution mais de montrer après avoir parcouru en tons sens et pendant des années le Berry (départements du Cher et de l’Indre), de la Marche à la Sologne, du Boischaut au Pays Fort, de la Brenne aux confins de la Vallée de Germigny et du Bourbonnais, un certain nombre de bâtiments menacés ou non (certains ont maintenant disparu) représentatifs d’une cohésion, d’une diversité le tout reflet à des moments donnés d’une structure de l’économie rurale et d’une manière de cultiver. Par ses dimensions, sa disposition, son évolution, le bâtiment parle, de l’aisance ou de la pauvreté, de la vigne ou de la polyculture. La maison du journalier est bien évidemment différente de celle du maître de domaine et celle du vigneron de celle du propriétaire terrien de la Champagne. Pour éclairer l’illustration de nous avons voulu dominante et en quelque sorte justifier les choix, nous avons fait appel aux documents d’archives, contrats de constructions, document notariés, rapports divers, éclairant ou faisant rebondir les questions que l’on peut se poser en ce domaine. Ainsi de la carrière à l’environnement du village en passant par toutes les formes de construction rencontrées, je souhaite mettre à disposition du plus large public possible et sous une forme attractive les archives de l’architecture traditionnelle en Berry. Les essais de typologie de détail (fenêtres, portes, charpentes) ont la prétention de guider le visiteur dans ses essais de datation des bâtiments rencontrés et peut-être cet ouvrage aura-t-il quelques utilités pour les amateurs ou les professionnels qui souhaitent entreprendre avec le plus de respect possible la restauration de bâtiments ruraux. La sauvegarde des maisons paysannes du Berry demande que la mise aux normes modernes ou au goût du jour restent conformes avec le savoir-faire des maçons et l’esprit de leurs commanditaires qui entreprirent de les bâtir.

   Universitaire titulaire d’une maîtrise d’histoire, J.-Y. Hugoniot se spécialisa en archéologie et en histoire de l’art. Conservateur stagiaire aux Musées de Bordeaux et de Bourges, l’auteur deviendra, successivement Conservateur des Musées d’Issoudun, de l’Abbaye de Noirlac et du Musée Saint-Vic de Saint-Amand-Montrond.

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